Bons baisers de la peintre.
Je ne peux pas prévoir le prochain tableau, j'embarque loin des rives des couleurs sûres et réconfortantes, sur des bateaux de jungles, des broussailles de formes sans queues, sans têtes. L'amour des mots est transporté dans ces voyages obscurs , dans sa boîte crânienne de purées de lentilles en tous genres, d'agrumes aux arômes de mouches, avec certains moments de grâces, sûrement accordées par un
dieu, qui comme le soleil , on y croit ou on n'y croit pas, invisible au corps, au corps de confiture.
Si en moi, j'arrive j'arrive à faire ce voyage vers le tableau, nul besoin de le préparer, le premier pas est celui qui nous manque,
souvent .
Si la peintre ne sert à rien alors je veux jouer ce rôle de rien , ce rôle de silence et de posture médusée .
A mon coeur, rien n'est plus beau que l'inertie dans laquelle je pense observer les insectes s'agiter dans tous les sens du temps et de l'oisiveté. Si le poème, dans un coin de mon tableau, est un vermicelle de voie lactée, alors j'engage chaque être à intégrer intégralement son maillot de bain et à vivre l'aventure
des baisers au néant.
Marine Karbowski